Au départ, je ne me savais pas nécessairement devenir psychanalyste, mais j’ai eu besoin de faire ma psychanalyse, parce que j’avais des soucis, je rencontrais des impasses. Il se
trouve que par ce moyen, je ne dirais pas que tous mes problèmes se soient définitivement résolus, mais que j’ai pu progressivement percevoir le monde d’une autre façon.
A tous les gens ouverts, intéressés par ce qu’on appelle communément « la vie », par les enfants, par les vieillards, par les fous, par tous les exclus – nous sommes dans une société qui exclut les étrangers, qui exclut les symptômes, qui exclut les vieux, qui exclut les femmes, qui exclut les "rondes", et cela ne cesse pas, mais s’accentue chaque jour un peu plus –, à toutes ces personnes, je voudrais leur demander de s’avancer et de dire : « Oui, j’ai fait une analyse», leur demander de le reconnaître et d’avoir le courage de le révéler et de dire quelque chose comme : « je me sentais exclu de la vie et, au fil de mon analyse, je suis revenu avec les autres ; et j’ai envie de témoigner que j’ai pu revenir pour m’inscrire au sein de cette «communauté inavouable» ou dispersée que sont les psychanalysants » (comme l’appelle si justement le psychanalyste Jacques Nassif, reprenant cette expression au titre d’un ouvrage de Maurice Blanchot).
Moi, j’ai toujours eu le désir de m’ouvrir aux questions humaines fondamentales, et c’est la psychanalyse qui m’a donné cette envie de revenir vers les autres. De leur faire éprouver l’importance cruciale aujourd’hui qu’il y a à repenser. Repenser les problèmes humains, repenser l’amour, repenser le désir, repenser le couple, repenser la famille, repenser l’éducation, repenser la situation qu’on occupe dans les générations, repenser notre rapport à la technique qui nous hante et la science qui nous fascine et la religion qui nous capte…