_Rouge_ a écrit:Pensez vous parfois à ça vous aussi ?
Et à ce niveau d'obésité, avez vous une idée de ce qu'on risque vraiment ?
Es-ce qu'on peut vraiment être "en bonne santé" à ce poids la ?
J'y pense aussi parfois, et ce sont des questions que je me suis aussi posée, même sans avoir été encore confrontée plus directement à des risques majorés par mon obésité.
Par exemple, je peux me dire que si je dois me remettre d'une blessure/chute ça risque d'être plus compliqué pour moi pour récupérer en ayant perdu des muscles ou de la mobilité; que des secouristes peuvent être moins affûtés/efficaces dans leurs gestes avec une morphologie à laquelle ils ne sont pas habitués, ne serait-ce que pour me déplacer ou pour estimer l'effet de certains traitements par rapport à l'assimilation de l'organisme (le dosage peut être lié au poids du corps). Sans compter l'effet "culturel" où certains soignants vont être dans une posture moins bienveillante envers des patients dont ils estiment qu'ils doivent "comprendre" ou simplement qu'ils ne "méritent" pas certains soins. L'effort de devoir solliciter l'empathie des soignants est parfois nécessaire.
Je pense à tout ça parce que je pèse environ 145kg, et c'est curieusement pour moi spécifique à un certain niveau d'obésité. Je ne me sens pas comparable à une personne obèse de 100-120 kg par exemple, j'ai l'impression qu'on ne vit pas la même réalité physique. (Je ne crois pas forcément avoir raison, j'exprime juste comment je pense à cela.)
Un bilan chez le cardiologue m'a tout à fait rassurée quant à mes peurs de risques cardiaques. Et d'une façon générale, à chaque fois que j'ai l'occasion d'expérimenter mon corps, je constate que j'ai des peurs non fondées et que je sous-estime mes capacités.
Physiquement, j'ai des limites niveau postures (croiser les jambes quand je suis assise sur une chaise n'est pas possible, mes cuisses sont trop volumineuses) ou certains mouvements que j'évite comme sauter par exemple, je ne cours pas, logiquement je ne peux pas me mouvoir comme quelqu'un qui fait la moitié de mon poids, j'adapte en fonction de mes sensations. A côté de ça, comme je suis ce qu'on pourrait appeler "très sportive" (pour des non "très sportifs" j'imagine, car tout est toujours relatif) j'ai des capacités physiques qui me satisfont par rapport à celle que je suis, voire qui m'étonnent parfois.
Niveau analyses sanguines, j'ai eu à m'inquiéter de carences vitaminiques.
Je me sens globalement solide au quotidien, car très mobile, relativement forte physiquement et bien mentalement. Le fait d'éprouver régulièrement des bons moments avec mon corps m'a réellement fait le retrouver et me sentir bien mieux avec le fait d'être obèse, m'a permis de beaucoup relativiser ce que je considérais lié à mon obésité uniquement.
Le fait aussi de me sentir dans une démarche active de changement pour améliorer ma qualité de vie globale doit aussi participer à rassurer certaines de mes inquiétudes, moins concernant des risques vitaux mais plutôt les risques de comorbidités en vieillissant par exemple.
Mais tout ce qu'on va citer pour essayer de qualifier ainsi son "état général de santé", ça me semble très très relatif, que ce soit dans mes soucis de santé ou dans ce qui va bien.
Je ne sais pas si je suis en bonne ou mauvaise santé. Cela doit dépendre du contexte et des critères pour le définir et de la période concernée (actuellement ou état actuel prolongé sur 30 ans ?) Pour certains ce sera tout vu. Ben je n'arrive pas à trancher cette question pour moi-même, je repère des difficultés actuelles liées à mon obésité, j'ai en tête des risques futurs éventuels, j'observe aussi le caractère relatif de certaines choses, mais je continue de me poser cette question: à partir de quel moment on est en bonne ou mauvaise santé, au bout de combien de symptômes, de combien de nécessité de soins, de combien de plainte, etc ? Est-on en mauvaise santé à partir du moment où on risque d'avoir des maladies ? (cf sujet "fat shaming et justification santé" qui parle peut-être de ce que tu as dû vivre à l'occasion de ces peurs médicales)
Et est-il nécessaire d'y porter une telle attention pour vivre bien? Est-ce que c'est que je souhaite pour moi ? Est-ce que je peux faire autrement dans la société et l'histoire que j'ai eu?
La peur de
mourir, je la ressens relativement régulièrement, mais pas du tout en lien avec mon obésité. Je roule pas mal, régulièrement en situation de nuit+ pluie et à des vitesses élevées, mais même sans ça je mesure souvent à quel point un accident est vite arrivé et que je ne suis jamais à l'abri. Là, vraiment, ça me fiche la trouille parfois car j'ai super envie de vivre.
L'obésité, chez moi, elle me fait plutôt peur de
souffrir. J'ai peur d'avoir mal, quand je bouge trop ou plus tard, par mon poids, de ne plus pouvoir bouger comme j'aime le faire, etc.
Pour en revenir à ce que tu as vécu, qu'est-ce que tu en retires aujourd'hui ? Est-ce que la peur des médecins t'a fait peur, comme si ça faisait prendre conscience des risques ? Est-ce que c'est plutôt la violence de leurs mots/attitude qui t'a marqué ?
Est-ce que tu as aujourd'hui des occasions de te sentir solide et bien dans ton corps ?