Je suis comme toi, des années de traitement et rien au bout... :(
Ce que je vais te dire va te sembler dur, mais il y a un moment où il faut renoncer à avoir un enfant biologique. Parce que même si la médecine a fait des progrès, même si des femmes qui ne pouvaient jamais avoir d'enfant arrivent à en avoir, ça n'est pas la majorité. Et les traitements ne sont pas anodins. On manque encore de recul pour dire ce qui nous attend dans qq années. Et puis ces déceptions, cette frustration, ce dégoût de soi, cette idée qu'on est nulles, bonnes à rien alors que les autres y arrivent, on ne peut pas vivre toujours avec.
J'avais lu cette phrase dans le livre de Chantal Ramogida, de l'association "Pauline et Adrien" : "Pour la majorité des couples, la FIV constitue un espoir d'enfant qui malheureusement ne se concrétisera jamais". Pas facile à accepter sur le moment... Mais pourtant c'est la réalité.
Moi j'ai renoncé en 2000. J'ai insisté auprès des médecins qui me suivaient pour entendre ce que j'avais besoin d'entendre. Je ne voulais plus de "mais ça va marcher ne vous inquiétez pas, il faut être patiente". Parce qu'il arrive un moment où on n'a plus le temps d'être patiente. Alors après ce dernier traitement où j'ai failli mourir, je leur ai demandé d'être francs et de me dire quelles étaient mes chances A MOI et pas leurs statistiques de labo. Un seul a eu le courage de me dire "vous êtes un très mauvais pronostic, ça pourrait marcher bien sûr, mais vos chances sont très faibles, voire quasiment nulles". Ca ne fait pas plaisir à entendre, et pourtant quel soulagement ! C'était comme si on m'avait enfin autorisée à penser à autre chose, à reprendre ma vie en main.
Tant qu'ils me laissaient de l'espoir, je n'arrivais pas à faire ce deuil. Je crois qu'à un moment, les médecins doivent faire leur travail et oser dire à leurs patients la vérité, surtout s'ils la demandent.
Après notre démarche a changé, nous avons pensé à l'adoption, et décidé d'y renoncer. Notre but c'était d'avoir un enfant à nous, pas un enfant à tout prix. Et maintenant je vais bien. Oh bien sûr, parfois j'y pense encore, mais plus de la même façon. Je vis normalement, je m'occupe de mes neveux et nièces, je suis contente quand mes collègues, mes amies, mes belles soeurs... ont des bébés, je ne suis plus du tout jalouse d'elles, j'aide même des amies ou des collègues qui sont obligées de subir des IVG sans me projeter dans leur histoire. Ce qui m'est arrivé n'est pas leur faute !
Je ne suis pas arrivée où j'en suis en qq jours bien sûr. Mais ce que je te conseille, c'est d'oser aborder le problème franchement avec ton médecin et de lui demander quelles sont tes véritables chances. Comme ça tu sauras à quoi t'en tenir et tu pourras décider de continuer ou pas.
On dit que l'espoir fait vivre. Je suis d'accord à condition que l'espoir soit positif. Quand l'espoir qu'on met dans qq chose ne devient qu'un chemin semé d'embûches et de déboires en permanence, il faut renoncer à cet espoir qui, peut être, empêche de voir un autre espoir plus accessible.
Bon courage à toi en tout cas :)