Je retrouve beaucoup de ma propre histoire dans ce que tu dis de ton barbu ...
J'ai eu de grandes difficultés à accepter que mon mari et moi n’étions pas égaux dans notre capacité à être parent, parce que ce n'est pas l'image idyllique des nouveaux papas que nous renvois la société. Chez nous, on projetait même que ce soit Mr qui cesse de bosser pour élever nos enfants, c'est te dire si on avait une idée très paritaire de la parentalité.
Et puis les faits nous ont contredis, et je crois que c'est une des premières grandes leçons que l'on apprends quand on devient parent, à savoir : Avant j'avais des principes, maintenant, j'ai des enfants !
Mon mari n'a jamais été capable de mettre une couche et c'est pas faute d'avoir essayé des heures et des heures de lui apprendre, mais voila, un bébé ça grandis, donc il faut adapter la mise de la couche à la morpho du petit, donc quand il maîtrisait à peu près une taille de couche, dès que ça changeait un peu, c'était re-cata. Je te dis pas, le nombre de fois ou j'ai levé ma petite avec le dos tout mouillé de pipi et ou j'ai voulu littéralement exploser mon mari, ça me gonflait, t'imagine pas. J'étais révolté, je me disais, merde alors, j'ai pas un BEP couches culottes, pourquoi moi j'y arrive et pas lui, probablement parce que j'ai sans cesse la volonté de bien faire et pas lui, ah oui, donc il a pas la volonté d'être un bon père donc je n'ai plus rien à faire avec lui etc etc etc... Je me montais la tête bien comme il faut.
Le bibi c'était pareil, ma fille hurlait avec lui car je sais pas comment il se débrouillait, il la tenait pas bien, il lui retirait le bibi toutes les deux secondes ... Catastrophe !
On a frôlé le divorce, parce que c'est pas inné ces choses là, j'ai passé des heures et des heures à regarder ma fille pour la comprendre, pour la connaitre et la reconnaître, pour tisser ce lien de confiance qui fait que tout roule, qu'elle est bien et que je suis bien aussi. Et que lui, il avait juste très très envi de passer du temps sur sa console ...
Il a fallu qu'on retourne au source de son désir d'être père pour rétablir les choses, il a fallu qu'il déterre son envi viscérale d'être un bon papa, il a fallu que je lui envoi des choses très méchantes du genre : "ah oui alors c'est ça que tu veux, être comme ton père, parce que oui, tu lui es en tout point semblable, tu es un fuyard et ta fille va grandir blessée de l'amour que tu ne lui aura pas donné". (et qu'on vende la console :) )
Et puis ça m'a énormément libérée de comprendre que je n'étais pas garante du père qu'il était, que je n'avais pas a assumer auprès de ma fille de l'avoir choisis lui pour être son papa.
Je me représente notre relation comme un triangle, ou nous sommes nous trois à un bout, moi je dois donc gérer la droite qui me relis à ma fille, c'est mon role de maman, la droite qui me relis à mon mari, c'est mon role d'épouse et ce qui concerne la droite qui les relis tous les deux, elle ne me concerne pas, pour la simple et bonne raison que je n'y ai pas accès. Je ne dois donc ni l'assumer, ni la juger, ni la critiquer. Il sera seul quand la petite sera grande à devoir assumer ce qu'il lui a apporter, et je serais seule aussi quand il s'agira de juger quelle mère j'ai été.
Et puis comme souvent, les choses se sont amélioré lorsque j'ai commencé à lâcher prise, lorsque j'ai compris que son incapacité n'était pas celle de mon propre père.
Et puis, plus le temps passe, plus ces capacités se dévoile justement ... Parfois il passe une heure assis par terre à jouer aux voitures ou au bateau avec elle et à des choses qui les font rires, moi je joue peu avec ma fille, j'ai moins de patience que lui pour ces choses là. Le bain m'a vite saoulé quand il fallait passer trois quart d'heure à la surveiller, le temps était très long et bien lui il y prends du plaisir, c'est son taf, son domaine, leurs moment a eux.
Je l'ai quand même encouragé au lieu de le dénigrer et ça ça marche bien aussi, c'est la fameuse Ola qui a été abordé plus tôt. Comme le truc ultime de mon mari c'est les câlins et bien lorsqu'il assurait un max une journée, je lui disais que je trouvais ça hyper sexy les papas qui déchirent et, on faisait un câlin (oui, oui, ridicule, je sais) :) Aujourd'hui c'est plus lié de cette façon là mais ça lui a permis de mettre en place un automatisme.