Je vais essayer de répondre sans être trop brouillonne, parce que c'est un sujet qui me concerne. J'ai aussi une sale tendance à ne pas finir les choses, et du coup, à ne pas avancer dans la vie. Mais je crois aussi que toutes les réponses qu'on peut donner ne sont que des indications, pas des vérités.
Je vais énumérer deux-trois choses que je comprends en partie à partir de mon propre exemple, en partie grâce à des lectures:
- il est certain que le manque de confiance en soi joue beaucoup. Mais savoir cela n'est pas suffisant pour changer les choses. Et puis, ça n'est pas une chose uniforme: je connais (certaines de) mes capacités, je comprends vite les choses, mais j'ai tendance à ne pas persévérer, à ne pas défendre mes points de vue, persuadée que je suis que les gens ne se laisseront de toute façon pas convaincre. Je suis aussi assez vite déstabilisée par quelqu'un qui a l'air brillant, même si en mon for intérieur je vois que c'est du flan.
- le manque de présence à ce qu'on est, à ce qu'on fait: on aime bien quelque chose, on commence à faire, en pensant à autre chose... C'est comme quand on se promène dans la rue, on marche sans rien voir. Tout-à-coup, on est un kilomètre plus loin, on ne sait comment, on ne pourrait pas dire s'il y avait quoi que ce soit d'intéressant à voir.
- la culpabilité de ne pas faire quelque chose de plus important. Exemple scolaire: j'ai toujours ressenti les devoirs comme une contrainte. Du coup, je les faisais, au dernier moment souvent, en y pensant tout le temps dans les heures ou les jours qui précédaient, me disant que ce que je faisais à l'instant t n'était pas bien, puisque ça ne faisait pas avancer le travail "sérieux". Comme toutes mes activités personnelles se passaient en pensant que je ferais mieux de faire des choses sérieuses, je ne pouvais m'y investir, d'où le manque de présence. Et aussi, j'ai la fâcheuse tendance de vivre selon ce que pensent les autres, ou selon ce que je crois qu'ils pensent, ou selon les normes de la société.
J'ai lu un bouquin qui s'appelle
Comment ne plus être en retard, de Jane B. Burka et Lenora M. Yuen. Je n'arrive pas à remettre la main dessus, mais de mémoire il donne trois grandes causes (ou familles de causes) à la procrastination:
- la peur de l'échec: on ne fait pas parce qu'on ne veut pas rater. Il est plus confortable pour l'estime de soi de se planter quand on n'a pas travaillé, on peut se dire "Si j'avais tout fait, j'aurais été bon...";
- la peur de la réussite: si on réussit, on risque de devoir changer d'environnement, d'opinion, de fréquentations... Réussir, c'est gagner d'un côté, mais perdre de l'autre. On peut se rendre compte qu'on s'est trompé, ou que les gens qu'on aime se trompent. On peut ne plus se sentir à l'aise dans son milieu d'origine.
- la troisième cause, c'est le besoin de contrôler: on est obligé de faire telle ou telle chose, on n'a pas le choix, on se sent coincé. Pour reprendre la main, on fait une espèce de grève silencieuse, faute de mieux. Le travail n'avance plus. On panique devant l'ampleur de la tâche qu'il reste à faire, mais on "décide".
Une solution: je crois de plus en plus à la nécessité de l'action pour l'action, sans arrière-pensée de but. Plutôt que de chercher à "faire
quelque chose", "
fais quelque chose". Tu vois la différence? Ne mets pas l'accent sur le résultat, mais sur l'action.
Ce qu'il y a de bien quand on fait sans arrière-pensée, c'est que ça produit de toute façon un résultat: au minimum, ça occupe, au maximum, ça donne des compétences, de l'envie de continuer, de la joie de vivre, etc.
Ne te mets pas la pression, car apparemment, ça ne marche pas. Fais pour toi avant tout, à ton rythme, au moment qui te convient le mieux.