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sandydidou a écrit:
Merci pour ton message :D
Je ne sais pas si le terme "dépressive fonctionnelle" existe, en fait c'est une traduction un peu bancale des termes anglais "high functioning depressive person" qui est courant dans les études anglo-saxonnes.
Je rencontre les mêmes difficultés que toi à faire reconnaître la réalité de ma maladie quand l'équilibre est là. Un médecin qui me voit pour la première fois pense souvent que je suis juste une anxieuse qui a oublié d'arrêter ses médocs à la fin d'une dépression passagère. Ca plus le discours très construit sur "ma" dépression = beaucoup de malentendus.
Quand j'étais adolescente, une psychiatre avait dit à ma mère que je n'étais "pas connectée pour le bonheur". Ca a beaucoup choquée ma mère, moi moins en fait. Je commence à penser que mon cerveau est fichu différemment et que l'environnement (traumatismes dans l'enfance et l'adolescence) a rajouté une couche. Après tout, on s'oriente tranquillement vers une piste cognitive dans l'explication de l'autisme, pourquoi pas la dépression ? En tout cas, quand tu parles de facteur endogène je ne peux que valider, je suis loin de la dépression réactionnelle post deuil ou post trauma. C'est une lutte quotidienne contre une tendance à la mélancolie, et les médicaments/la thérapie rendent cette lutte plus que supportable.
C'est difficile à admettre mais à un moment donné je me suis dit : si je dois prendre des antidépresseurs toute ma vie, être en thérapie toute ma vie, sous des formes différentes, je le ferai. Ce n'est pas un échec. Je ne suis pas dénuée de courage, mais faire face aux symptômes dépressifs n'a rien à voir avec le courage ou la volonté, contrairement à l'opinion couramment répandue.
Bisous :p
Merci aussi Lenore pour avoir apporté un éclairage précis de ce qu'est le quotidien d'une dépressive chronique. Je ne connaissais pas le terme "dépressive fonctionnelle" mais par contre j'en connais les conséquences (que tu as hélas vécues quand on t'a arrêté le séroplex) : je suis tellement "fonctionnelle" et perçue comme sans problèmes que tout au long de ma vie de dépressive, il m'a fallu carrément "lutter" contre des personnes m'incitant à arrêter mon traitement, sans qu'elles puissent se figurer dans quel enfer on peut sombrer sans.
Le seul arrêt "réussi" si je puis dire, je l'ai fait de mon propre gré, après beaucoup de préparation et à une période de ma vie où toutes les conditions étaient réunies (équilibre pro, affectif, financier, etc.) C'était en mai dernier, après 20 ans de prise ininterrompue de fluoxétine (Prozac donc IRS). Les 4 premiers mois se sont bien passés, presque euphoriques et très actifs car le traitement -pour moi- a un effet sédatif ; mais je suis retombée dans un état dépressif grave et 6 mois après l'arrêt j'ai dû reprendre le traitement. Il n'y a pas eu de facteur déclenchant ou explicatif de cet état dépressif, à l'exception du fait que je n'avais plus d'IRS dans le sang. Mais comme hélas tu le sais trop bien, j'avais atteint cet état où l'on ne peut plus fonctionner. Ce qui semble entériner l'idée d'un facteur endogène faisant déprimer certaines personnes. Tout ça pour dire que cette maladie "invisible" n'est est pas pour autant moins réelle et grave. Les psys qui m'ont suivie plus jeune m'ont tous confirmé l'absence d'effets tératogènes de ce type de traitement, insistant surtout sur la nécessité d'arrêter les benzodiazépines (ce que tu as fait avec le lysanxia) pendant une grossesse.
Donc ton ressenti et ton choix étaient les bons, éclate-toi bien avec ton fils à venir.
Le seul arrêt "réussi" si je puis dire, je l'ai fait de mon propre gré, après beaucoup de préparation et à une période de ma vie où toutes les conditions étaient réunies (équilibre pro, affectif, financier, etc.) C'était en mai dernier, après 20 ans de prise ininterrompue de fluoxétine (Prozac donc IRS). Les 4 premiers mois se sont bien passés, presque euphoriques et très actifs car le traitement -pour moi- a un effet sédatif ; mais je suis retombée dans un état dépressif grave et 6 mois après l'arrêt j'ai dû reprendre le traitement. Il n'y a pas eu de facteur déclenchant ou explicatif de cet état dépressif, à l'exception du fait que je n'avais plus d'IRS dans le sang. Mais comme hélas tu le sais trop bien, j'avais atteint cet état où l'on ne peut plus fonctionner. Ce qui semble entériner l'idée d'un facteur endogène faisant déprimer certaines personnes. Tout ça pour dire que cette maladie "invisible" n'est est pas pour autant moins réelle et grave. Les psys qui m'ont suivie plus jeune m'ont tous confirmé l'absence d'effets tératogènes de ce type de traitement, insistant surtout sur la nécessité d'arrêter les benzodiazépines (ce que tu as fait avec le lysanxia) pendant une grossesse.
Donc ton ressenti et ton choix étaient les bons, éclate-toi bien avec ton fils à venir.
Merci pour ton message :D
Je ne sais pas si le terme "dépressive fonctionnelle" existe, en fait c'est une traduction un peu bancale des termes anglais "high functioning depressive person" qui est courant dans les études anglo-saxonnes.
Je rencontre les mêmes difficultés que toi à faire reconnaître la réalité de ma maladie quand l'équilibre est là. Un médecin qui me voit pour la première fois pense souvent que je suis juste une anxieuse qui a oublié d'arrêter ses médocs à la fin d'une dépression passagère. Ca plus le discours très construit sur "ma" dépression = beaucoup de malentendus.
Quand j'étais adolescente, une psychiatre avait dit à ma mère que je n'étais "pas connectée pour le bonheur". Ca a beaucoup choquée ma mère, moi moins en fait. Je commence à penser que mon cerveau est fichu différemment et que l'environnement (traumatismes dans l'enfance et l'adolescence) a rajouté une couche. Après tout, on s'oriente tranquillement vers une piste cognitive dans l'explication de l'autisme, pourquoi pas la dépression ? En tout cas, quand tu parles de facteur endogène je ne peux que valider, je suis loin de la dépression réactionnelle post deuil ou post trauma. C'est une lutte quotidienne contre une tendance à la mélancolie, et les médicaments/la thérapie rendent cette lutte plus que supportable.
C'est difficile à admettre mais à un moment donné je me suis dit : si je dois prendre des antidépresseurs toute ma vie, être en thérapie toute ma vie, sous des formes différentes, je le ferai. Ce n'est pas un échec. Je ne suis pas dénuée de courage, mais faire face aux symptômes dépressifs n'a rien à voir avec le courage ou la volonté, contrairement à l'opinion couramment répandue.
Bisous :p